Des exemples récents en attestent de la vitalité et du potentiel :
Une intersyndicale parisienne qui change la donne
En février 2010, les syndicats du commerce CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO et SUD se réunissent et décident d’un cadre de travail en vue d’expressions et d’actions unitaires ainsi que d’une riposte aux nombreuses infractions relatives au repos dominical : ainsi nait le CLIC-P, Comité de Liaison Intersyndical du Commerce de Paris.
150 militants des organisations se réunissent dans la foulée à la Bourse du travail et valident la plateforme revendicative suivante :
– 200 € minimum d’augmentation pour tous,
– pas d’ouvertures avant 9 h, pas de fermetures après 19 h 30,
– l’arrêt de l’extension des ouvertures dominicales,
– des repos garantis les jours fériés,
- la priorité, pour les temps partiel, d’augmenter
leur contrat.
Le 7 juin 2010, la majorité de gauche dit non à l’extension du travail dominical dans Paris. Forts de ce résultat, près de 500 salariés participent le 30 juin 2010 — jour d’ouverture des soldes — à une première manifestation. Une action en justice est ensuite lancée à l’encontre de supérettes ouvertes illégalement le dimanche. Le 10 février 2011, la justice condamne la plupart d’entre elles à baisser leur rideau le dimanche passé 13 heures et à observer un jour de fermeture (le dimanche ou le lundi), en application d’un arrêté préfectoral toujours en vigueur, sous peine de 6.000 € d’astreinte.
En 2012, le CLIC-P est plus offensif que jamais : une nouvelle vague de procédures, visant une trentaine de supérettes, est en cours. De plus, des actions judiciaires contre le travail de nuit ont été lancées, d’abord avec succès contres les grands magasins lors des dernières soldes puis désormais à l’encontre de diverses enseignes installées sur les Champs-Élysées.
Des mobilisations qui s’enchainent
L’enseigne Pizza Hut a été le théâtre, l’été 2011, d’un conflit social à l’occasion de la négociation annuelle obligatoire : des salariés de différentes unités se mettent alors en grève plusieurs week-end d’affilé. La grève s’est rapidement cristallisée sur la seule unité de Neuilly-sur-Seine et les grévistes ont alors changé de tactique pour populariser leur mouvement : d’autres établissements parisiens ont été visités avec un impact sur le chiffre d’affaire et ce au grand dam de l’employeur qui a essayé y compris de casser la grève en embauchant des CDD ce qui est illégal !
Ce mouvement a également puisé sa force dans le soutien apporté sur les piquets par des militants de SUD, de la CGT et de la CNT mais également d’organisations politiques qui ont aussi organisé la solidarité financière. Au bout de compte, la direction s’est résolue à régulariser les heures complémentaires dues. Elle a alors tenté, par dépit, de licencier un des employés animateur du mouvement ce qui a échoué comme suite à la mobilisation.
À la Fnac est mis en œuvre, depuis janvier 2012, un énième plan social qui vise près de 300 emplois, un plan décrié par l’Inspection du travail et contesté par les syndicats devant la justice. Le personnel se mobilise aussi depuis cette date ainsi que consécutivement à l’échec de la négociation salariale, avec l’appui d’une intersyndicale regroupant la CFDT, la CFTC, la CGT, la CNT, FO, SUD et l’UNSA : direction retenue dans la salle de négociation, blocage du magasin de Saint Lazare le 5 avril dernier, occupation du siège puis invitation à l’assemblée générale des actionnaires etc. Les salariés ne baissent pas les bras face à la morgue de PPR, l’actionnaire, qui affiche sa volonté de céder la société !
Il reste à espérer que ces actions, inédites à une telle échelle et dans la durée, contribuent à développer la présence syndicale dans le commerce suivant en cela le dernier mot de Joe Hill : " Ne vous lamentez pas, organisez-vous !"
Laurent Degousée
SUD Commerces et Services Ile-de-France