Texte de Pierre Bance, syndicaliste, journaliste indépendant.
Trop long pour une lecture à l’écran (12 pages), il est proposé au téléchargement. Il est libre de droits avec mention de l’auteur : Pierre Bance, et de la source : "autrefutur.net"
L’histoire de la gauche n’étant qu’une perpétuelle trahison qui croira que François Hollande ait l’intention de renoncer au social-libéralisme ?
Pourtant, les augures annoncent un retour de la démocratie participative. Et pourquoi pas de la démocratie délibérative. Mieux encore, une avancée de la démocratie radicale. Cette dernière trouve sa source dans les travaux de deux théoriciens politiques, Ernesto Laclau et Chantal Mouffe. À l’examen, elle ne serait qu’une démocratie délibérative exacerbée dont la crise de nerf se résout dans une social-démocratie digérant les replis identitaires avec le même appétit que le capitalisme les récupère. Ce pourrait-être là son intérêt pour les nouveaux maîtres du pouvoir, socialistes en mal de socialisme. S’il leur restait quelques ambitions idéologiques, ils l’utiliseraient comme un opportun leurre de radicalité pour éviter de justifier leurs renoncements qui transforment « ce qui est un état conjoncturel des choses en une nécessité historique ».
Fichtre que la supercherie serait belle !
En ces temps de socialisme retrouvé, le mot démocratie revient. Lui et ses adjectifs car non qualifié, il n’a pas vraiment de sens. Lors de la précédente élection présidentielle, Ségolène Royal avait halluciné l’électeur à coups de démocratie participative pour mieux faire système avec la démocratie représentative, mieux étouffer toute prétention de « contre-démocratie » de gauche [1]. François Hollande s’est bien gardé d’aller sur ce terrain. Il s’est contenté de balbutier sur « une refondation de la démocratie sociale », son premier ministre, Jean-Marc Ayrault, parlant d’une « social-démocratisation » de la société [2].
De telles formules n’annoncent-elles que l’ouverture au dialogue avec les partenaires sociaux ou préparent-elles un changement politique plus profond de la démocratie ? S’arrêtera-t-on à reconnaître au gouvernement, fragile préalable, l’intention de faire prévaloir l’égalité et la solidarité sur l’agrégat d’intérêts égoïstes signifiée par une formule comme : « faire que la démocratie redevienne plus forte que les marchés, que la politique reprenne le contrôle de la finance et maîtrise la mondialisation » [3]. Faut-il voir là une résurgence du concept de démocratie radicale ? Idée avancée comme alternative « civilisée » au communisme entendu comme bolchévisme étatique et au libéralisme entendu comme capitalisme sauvage. Idée suffisamment floue et inachevée pour n’avoir rien à faire avec la société sans État, ni même avec une social-démocratie libertaire [4].
Sommaire :
- Penser une alternative crédible
- Une radicalité contrôlée
- Une chaîne d’équivalence
- Démocratie agonistique
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