Hostiles aux méthodes managériales de la direction de notre association gestionnaire, La Croix-Rouge française, nous, professionnels du soin psychique en secteur médico-social en Ile de France, entamons un mouvement de grève.
De nos lieux d’exercice, trois Centres Médico-Psycho-Pédagogique (CMPP), et un Bureau d’Aide Psychologique Universitaire (BAPU), nous dénonçons une politique gestionnaire obnubilée par des objectifs financiers percutant le coût de l’accueil de la détresse psycho-sociale d’enfants, d’adolescents, d’étudiants chaque jour plus nombreux.
Alors que la santé mentale est annoncée grande cause nationale par le gouvernement, martelant la nécessité de faciliter l’accès aux soins, de réduire les listes d’attente des consultation psy, de promouvoir des actions entre partenaires de terrain. Que le malaise psycho-social, ses symptômes et les situations de crise tous milieux confondus nous mobilisent au quotidien, que nos structures répondent aux missions confiées par l’Agence Régionale de Santé de l’Ile de France,
Que fait la Croix-Rouge française ?
Après avoir fermé six centres de santé en Ile de France, ses dirigeants s’apprêtent à saccager quatre lieux d’accueil et de soins psycho-pédagogiques venant en soutien des institutions scolaires et universitaires, des pédiatres, des PMI, crèches et services socio-éducatifs.
COUPES BUDGETAIRES ET FERMETURES sont majorées par une politique de financiarisation et d’investissement de fonds propres court-circuitant les contrats d’objectifs et de moyens négociés avec l’Agence Régionale de Santé, garante de l’action médico-sociale territoriale.
COUPES BUDGETAIRES ET FERMETURES conduisent au Plan de Sauvegarde de l’Emploi.
Celui mené en juillet 2024 selon des méthodes managériales violentes, fait peser sur les équipes (secrétaires, assistantes sociales, psychologues, orthophonistes, pédopsychiatres, psychomotriciennes, éducateur.trices, infirmier.es) des risques psycho-sociaux à tous les étages.
Que fait la Croix-Rouge française ?
En totale inadéquation avec les besoins évidents du moment, sa direction s’emploie à un débricolage de nos cadres de travail.
– Nous dénonçons une réorganisation incessante de l’organigramme décisionnel très à distance du terrain et de la connaissance des structures. Pour preuve, huit directeurs d’établissement se sont succédés au total depuis 2019, rendant caduque la mise en vigueur prenne des projets d’établissement.
– Nous dénonçons des techniques inefficaces et très onéreuses de recrutement en excluant par principe nos réseaux relationnels au profit de chasseurs de tête.
– Nous dénonçons des méthodes de flexibilité (déplacement) de certains postes clés dans les institutions aux risques dysfonctionnels et d’épuisement des équipes.
– Nous dénonçons une pénurie médicale aux postes de responsabilité, rendus inattractifs par un management autoritaire et hors sol parfaitement incompatible avec nos métiers.
– Nous dénonçons la mise en place, à marche forcée, d’un système de pointeuses et son logiciel Octime, pour demain supprimer des postes de comptables et de secrétaires et nous rendre autogestionnaires. Non à « l’ubérisation » de nos métiers.
Que fait la Croix-Rouge française ?
Face à notre hostilité et sans entendre nos revendications, la direction franchit un pas supplémentaire de mépris et de méprise, en engageant un « sous-directeur de transition », fonction hybride de consultant-manager dépêché pour 4 mois. Sa mission : assainir la situation sur le terrain. Entendre imposer les outils de destruction de nos institutions.
Nous, soignants, lanceurs d’alerte et citoyens engagés au quotidien dans nos métiers avec sérieux et exigence, nous demandons expressément :
– Une direction garante d’une compatibilité entre les exigences budgétaires et le maintien de bonnes conditions de l’exercice de notre travail clinique.
– Une direction engagée auprès des soignants à répondre aux actuels besoins médicaux et sociaux de la jeunesse, la continuité des soins allant de pair avec la stabilité des équipes.
– Une direction assurée de défendre ses salariés, acquis et droits compris. Pour rappel, les grilles de salaires de la convention Croix-Rouge sont très en deçà de celles pratiquées dans le médico-social (convention 66).
Refuser la précarisation de nos métiers, refuser la casse de nos institutions par la Croix- Rouge française, c’est témoigner de notre engagement professionnel et citoyen auprès des publics accueillis, nous qui les considérons dans leur humanité singulière, nous invitons nos directions à retrouver une des valeurs premières de la Croix-Rouge : l’humanitaire !
Collectif de professionnels du soin psychique protestant contre le management de la Croix-Rouge Française
le 29 septembre 2024