De Trump à la psychologie de masse du « totalitarisme démocratique »
– (en annexes : messages d’Ukraine)
L’effondrement du totalitarisme soviéto-stalinien [1] sur lui-même, la victoire de la contre-révolution néolibérale (1973-1989) et l’avènement de la désaffiliation numérique mondiale à l’orée du XXIe siècle ont signé l’entrée du capitalisme thermo-industriel dans sa dernière époque. D’autre part, des ruptures de transmissions mémorielles entre générations sont entrain de produire des effets politiques délétères. Revenir sur l’histoire telle qu’elle a été véhiculée par les vainqueurs de chaque côté du mur, reprendre le travail de théorie critique, analyser ce qui est en train de se produire sous nos yeux (d’où les messages d’Ukraine en annexe) alors que la notion même de vérité est mise en cause, sont donc nécessaires et ne peuvent être dissociés.
Les faits ne pénètrent pas dans le monde [des] croyances, […] ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir… M. Proust, Du Côté de chez Swann.
Trump, le retour au pouvoir
– Pour tenter de décrypter la réélection de D. Trump, les commentateurs se répandent en diverses analyses dont celle des votes par catégories socio-professionnelles ou origines ethniques [2] ou bien proposent de nous mettre « dans la tête » de Trump après nous avoir proposé d’entrer dans celle de Poutine ; laissons-là cette psychologie de comptoir sans grand intérêt. La plupart des journalistes, eux, se rabattent sur un marronnier, le « dégagisme » (dégager les sortants) qui a l’avantage de pouvoir servir dans de nombreuses circonstances. Mais si le terme était pris au sérieux, c’est-à-dire du point de vue de la philosophie politique, ledit « dégagisme » devrait être rangé parmi les caractéristiques intrinsèques du capitalisme. Ainsi, au XIXe siècle, l’industrie basée sur le charbon puis le pétrole a rapidement marginalisé les autres formes de production, dites artisanales. La vie des communautés s’en est trouvée totalement bouleversée, au profit par exemple d’un accroissement de la population citadine, mais pas seulement : les modes de vie, les traditions, les relations sociales et à la « nature » aussi. Au point que l’on peut dire qu’une nouvelle civilisation, cristallise à la fin du XIXe siècle et qu’un nouvel imaginaire [3] la structure.
Ce qui est valable sur le temps long, l’est aussi, d’une autre manière, au quotidien : le capitaliste individuel, a aussi besoin de « dégager » en permanence ses concurrents pour subsister. Autrement dit, l’innovation tous azimuts, c’est la forme valorisée et laudative du dégagisme nécessaire dans la jungle économique, combinée à présent avec la mondialisation de la concurrence, ce qui la rend encore plus inéluctable ; c’est pourquoi le rêve d’une « Start-up Nation » se vend si bien, ici et ailleurs.
Enfin, l’extinction des sociétés civiles [4], des libertés publiques et de ses lieux d’expression entraîne le dépérissement de tous les liens sociaux. Autrement dit, la lutte de tous contre tous dans cet immense désert socio-politique engendre une concurrence identitaire sans fin qui est une autre forme de ce « dégagisme » adaptée à la déshérence quotidienne de tout un chacun.
Elon Musk, l’arrivée au gouvernement
– Elon Musk, obsédé par l’extinction des « blancs » au point de préparer leur survie sur Mars, veut aussi laisser une trace indélébile de son existence : c’est un transhumaniste/raciste affirmé, issu du courant libertarien [5]. Il est fondateur de Space X, Tesla, Starlink, xAI, Neuralink et il n’a pas, comme Murdoch, Jeff Bezos ou Vincent Bolloré, acheté un journal, une radio ou une télé, mais Twitter devenu X [6]. C’est surtout un entrepreneur exceptionnel de la manipulation des masses qui a deux cent millions d’abonnés sur sa propre plateforme, ce qui en fait un super-propagateur de la « vérité alternative » à son propre profit [7]. Il favorisait déjà les visions les plus hallucinées pour augmenter son audience, invectivant ses adversaires, menaçant ses concurrents quand ils osaient critiquer ses ambitions dans l’automobile électrique, le cerveau connecté ou l’espace, (domaine dans lequel il est devenu un partenaire incontournable de la NASA et du Pentagone), vitupérant la commission européenne lorsqu’elle lui a demandé de respecter le règlement général de protection des données. Tout cela en a fait un « guerrier techno-politique hybride de nouvelle génération », qui a des dimensions « idéologiques », politiques, économiques et militaires inédites à ce niveau d’influence.
– Elon Musk, c’est aussi un nouvelle incarnation – hyper-centralisée – de la puissance du capital basée sur l’exploitation de centaines de millions de « petites mains du clic » pour entraîner les algorithmes de son IA ; sur l’asservissement des foules par la captation permanente de l’attention ; sur leur abêtissement profond par le remodelage neurophysiologique des cerveaux [8], et, pour parachever cette déshumanisation, sur la prédation furtive et systémique desdites « données personnelles », c’est-à-dire in fine, l’anéantissement croissant de toute vie privée, ce qui est un des critères du totalitarisme, en l’occurrence ici, du « totalitarisme démocratique ».
– Elon Musk, Peter Thiel et David O. Sacks [9] comblent, de facto, l’absence « d’utopies politiques, de projection vers l’avenir » par une combinaison de valeurs proto-fascistes ou issues des romans de science-fiction d’après-guerre [10]. On pourrait dire qu’ils privatisent passé, présent et avenir. Mais ce serait insuffisant. Ils incarnent une polarisation radicale de la Silicon Valley inscrite dans la « révolution culturelle » internationale du néolibéralisme qui engendre une régression anthropologique dont les jeunesses seront les vecteurs [11] ; qui ne voit pas qu’ici même, des adolescents paupérisés se retrouvent à devoir exécuter les « contrats » auxquels les narcotrafiquants les ont soumis à travers une économie de la dette dont ils deviennent dépendants et protagonistes [12]. Alors que la jeunesse fut longtemps porteuse d’espoirs révolutionnaires, un retournement complet de sa place historico-politique est ainsi en cours.
There is an alternative : puissance sous stéroïdes ou addiction au Fentanyl (une mort toutes les 7’).
Le national-populisme et les effondrements sociétaux
– Lors des campagnes électorales, ces nationaux-populistes polarisent et maximalisent la tension contre le « système », puis ils entrent dans l’appareil d’État pour ensuite le déborder, l’annuler par l’introduction massive des cabinets d’audit, comme en France, ou plus radicalement, en prévoyant de virer des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux. Ainsi, le tandem Musk-Trump veut abattre tous les « corps intermédiaires » (administrations centrales et territoriales, instances de régulation ou de contrôle…).
En fait, ils sont des piliers du système capitaliste (comme détenteurs de fonds, investisseurs ou propagandistes…), mais qui se vivent comme ayant une perpétuelle revanche à prendre sur un système sans qualité : double fantasme qu’ils mettent en scène et livrent en pâture aux foules éblouies par le faste des meetings, écrasées par le déploiement de puissance lumineuse et sonore, encagées dans un dispositif psycho-sensoriel qui les déphasent encore un peu plus. Les uns et les autres sont mus par un désir de reconnaissance qui restera d’autant plus insatiable (dans la réalité) que l’usage déréalisant d’Internet est devenu compulsif [13]. Rien ne pourra pleinement satisfaire un désir doublement entravé [14], tout deviendra objet de fureurs et d’invectives. Celui ou celle qui saura les capter deviendra le guide souverain et ses paroles, thaumaturges.
Sarah Knafo, figure de « Reconquête » qui se réclamait de Poutine, finit avec Trump, les conseillers de ce dernier regardent ce que fait Orban et Georgia Melloni se réclame de Musk…
– Le Trump 2.0 – dont la puissance sera décuplée par rapport à celle de son premier mandat [15] – a d’ores et déjà fait de Musk son « ministre de l’efficacité gouvernementale » et celui-ci, après avoir bénéficié des fonds fédéraux [16], deviendra ainsi son propre régulateur… Musk a aussi demandé que quelques uns de ses collaborateurs entrent dans plusieurs services du Pentagone. Mais il y a plus que cela. Son entrée au gouvernement va lui donner les moyens de mettre au point l’arme d’aliénation la plus puissante qui n’ait jamais existé – un « gouvernement internet » via les « vérités alternatives » qui leur sont chères – dans un monde qui est de facto entrain de s’effondrer, mais dont ils se veulent les sauveurs messianiques aux yeux des illuminés pratiquants les rituels desdits réseaux sociaux.
– D’autre part, ladite « intelligence artificielle » est à juste titre qualifiée comme une « Technologie de rupture » tout comme l’était et l’est encore le nucléaire. Avec la grande différence qu’elle ne peut détruire à l’instant toute vie sur Terre, mais tend graduellement à faire régresser le genre humain en deçà de son hominisation [17], jusqu’au point où tout un chacun devra se faire implanter une puce pour survivre dans un univers concurrentiel impitoyable. Ce qui d’ailleurs pourrait être un prélude à l’utilisation finale du nucléaire, à moins que les guerres actuelles ne prennent de vitesse cette involution.
De la guerre qui vient en Europe
1. Donald Trump/Elon Musk représentent à eux seuls la plus grande puissance de rupture anthropologique jamais portée au pouvoir du plus puissant empire de tous les temps. Est-ce que nous en prenons bien la mesure ? Cela ne semble pas être le cas.
2. Ce qui structure en profondeur notre époque comme cela avait structuré le XXe siècle avant 1914, c’est une recomposition mondiale des rapports de forces entre impérialismes, c’est-à-dire entre d’un côté les Occidentaux et de l’autre la Chine [18], la Russie et leurs alliés. Ces concurrences inter-impériales sont devenues structurellement aiguës et décisives ces dernières années au point d’ouvrir un nouvel « avant-guerre » [19]. Prendre en compte ce changement d’époque pourrait permettre d’en espérer un changement de cap.
3. Il a fallu cinq années pour qu’Hitler réarme l’Allemagne et sept pour que débute la seconde guerre mondiale. Cela prendra moins de temps à Poutine, car son armée est en train de se recomposer, tandis qu’il a mis tout le pays en économie de guerre. Poutine ne peut pas et ne reviendra pas en arrière, sous peine de déchoir rapidement et violemment. En 1935, en 2014 et en 2020, il aurait encore été possible de les arrêter.
4. Dans les domaines de la diplomatie et des fournitures militaires, Poutine met subtilement en question le rapport dominant que la Chine exerce sur la Corée du Nord, tout en se servant de cette dictature comme nouvelle extension de la guerre puisqu’il s’agit d’une part, d’un pays nucléarisé (donc réputé intouchable) et d’autre part d’un pays de la zone Pacifique qui intervient militairement sur le sol européen, ce qui constitue de facto une mondialisation de la guerre.
5. À l’image des désordres qu’ils ont semé depuis 2001 en Irak, en Afghanistan et en Syrie, les Etats-unis, après avoir contribué à renforcer l’armée de Poutine [20], vont cesser de soutenir les ukrainiens en laissant tout le fardeau aux gouvernements européens. Or ceux-ci n’ont ni la volonté politique, ni les moyens de stopper l’impérialisme russe. Au contraire, ils s’enferment, à l’exception des pays Baltes, de la Pologne et des pays scandinaves, dans une dénégation façon Munich, qui rapproche les échéances.
6. Ce qui aggrave la situation, c’est qu’ils ne veulent toujours pas croire que Poutine ira jusqu’au bout de ses projets impériaux alors que depuis 1999 il en est à sa huitième intervention militaire et que depuis février 2022 il a déjà « consommé » 700 000 soldats (tués, blessés, disparus et capturés), 20 000 équipements [21], 320 millions de dollars par jour [22]. Dans ces conditions, on comprendra que l’humanité entre dans une période tout à fait cruciale. Or, force est de constater, malheureusement, que la plupart continuent de vaquer à leurs occupations, comme si de rien n’était, ce qui ajoute à la probabilité de survenue des catastrophes.
PSYCHOLOGIE DE MASSE DU TOTALITARISME DEMOCRATIQUE (suite)
Ce travail a été largement entamé lors de précédents écrits. Il s’agit des onze « Carnets de réclusion » et notamment de « Métaphysique de la radicalité capitaliste » et de « La Peste noire du genre urbain ». Ce qui suit en est une continuation.
– L’addiction inédite à l’aliénation desdits réseaux sociaux, aux théories complotistes, aux fake-news, aux divertissements morbides etc. entraîne au mieux, l’abandon de soi-même : l’obésité galopante aux États-unis depuis des lustres (et maintenant dans le monde [23]), la consommation du Fentanyl qui tue massivement ou y engendre une population de zombies, l’augmentation partout du taux de suicide parmi les jeunes [24], n’en sont que quelques symptômes parmi de nombreux autres. Mais en général, ces phénomènes entraînent ou traduisent une mésestime, une fuite ou une « haine de soi » [25] inconsciente mais puissante. Comme dans le syndrome de Stockholm l’emprise de cette « haine de soi » est à la mesure de la complicité d’agression avec les agresseurs ; or ces derniers sont ici totalement désincarnés – « ils sont en distanciels » – mais omniprésents, jusque sur l’oreiller.
– L’acceptation des non-rapports sociaux actuels ne laisse que deux manières de surmonter (provisoirement) les dommages engendrés par cette « complicité » dans la dévastation de soi-même et du monde : un narcissisme exacerbé ou l’acceptation du rôle de variable d’ajustement et toutes leurs variantes combinées. A contrario, le retour au politique, c’est-à-dire à un goût pour la vie, l’amour, la beauté partagés, à la réappropriation commune des savoir-faire, au désir de reprendre ensemble les chemins de l’émancipation, le plaisir de la réflexion et de la création... en seraient un puissant antidote.
« Contre tout ce qui est pour, et pour tout ce qui est contre ». Pierre Dac, L’os à moelle.
– Les entrepreneurs de « réseaux sociaux » algorithmés proposent – c’est un service complet, clés en main en quelque sorte, – de (re)tourner cette haine de soi à moindres frais, contre un système sans qualité… bref, contre tout ce qui peut présenter l’avantage d’y recevoir la projection de son désespoir ou de sa hargne sans danger de « feed-back » physique et violent. Mais ces projections dans l’espace intersidéral de l’abstraction numérique, ces simulacres de protestations, fonctionnent comme un boomerang qui revient inévitablement faire des dégâts dans la psyché de l’expéditeur (ou la vie d’autrui) par « la magie des algorithmes » dont Frances Haugen [26] a démontré en quoi ils étaient toxiques.
– En effet, ces tonnes d’invectives, d’interjections et, dans le meilleur des cas, de fantasmagories cosmiques, parfois gentiment loufdingues, acquièrent une « reconnaissance, une visibilité, un écho numérique » qui sont légitimés par le nombre de likes ou de followers. Ces dénombrements sont censés refléter les opinions d’une dite « société civile » qui n’existe plus que sous une forme virtuelle, stockée dans les « big data » de Jeff Bezos ou d’Elon Musk. À présent, ces chiffres servent surtout à mesurer la « notoriété » des influenceurs. Là aussi, il y a concentration, et elle est accompagnée d’un brouillage des possibilités d’échanges (remise en cause de la langue, du langage, de la notion de vérité, etc.).
« Tant qu’il génère du chaos et crée des dégâts auprès des citoyens, il convient parfaitement. J’adore », Tom Metzger, ancien dirigeant du Ku Klux Klan, fondateur du groupe de séparation raciale White Aryan Resistance, à propos de Trump. Cité par Thierry Ribault in « Le Grand agitateur », 11 nov. 2024.
– Dans ce cadre, les « tables renversées », les attaques du Capitole, les dysfonctions de tous ordres, la constitution de milices armées et pourquoi pas bientôt, sont en passe de devenir les seules réalités capables de rivaliser, par leur violence, avec le servage dépressif entretenu par les petits écrans bleus. D’où une jouissance crescendo des échecs [27], des catastrophes montrées en spectacle, laquelle glisse ou pourra facilement glisser vers l’apologie de la mort. Ou bien jouir de l’échec de l’autre dans la concurrence sans merci à laquelle se livrent les « variables d’ajustement » entre elles, dans le cadre de l’entreprise.
– La forme supérieure du narcissisme consiste à atteindre ou élaborer « une place » où nul ne pourra s’aventurer, où nul ne pourra la remettre en cause : d’où les choix de sommets inatteignables de quelque nature qu’ils soient. Or, prôner la mort (début novembre 2024, Trump voulait voir le visage de Liz Cheney devant un peloton d’exécution), c’est se situer au sommet de cette échelle puisqu’il s’agit, ni plus ni moins que de transgresser l’interdit du meurtre qui est au fondement de notre humanisation. Notons au passage que QAnon, repris par les trumpiens, avait répandu l’histoire – pour résumer – selon laquelle les Démocrates suçaient le sang des enfants dans les sous-sols du Capitole pour se rajeunir : c’était suggérer que la transgression des interdits du meurtre et de l’inceste étaient monnaie courante au cœur même de l’État… alors « pourquoi pas moi, mais pour la bonne cause » ?
– Pour analyser les effets combinés du néolibéralisme, du numérique et des effondrements sociétaux, l’économie politique, la psychanalyse et l’anthropologie politique ne sont pas de trop. Mais aucun de ces trois domaines pris séparément ne pourrait y parvenir.
1er décembre 2024
ANNEXES : Messages d’Ukraine
Message d’Ilia, Kharkiv, 25 novembre 2024, 18h30.
Le régime contemporain du Kremlin est extrêmement proche du fascisme. Il utilise le nihilisme (par exemple en finançant l’extrême droite dans le monde entier) et la résignation (en soutenant par exemple les « campistes » de gauche qui vendent la nostalgie d’un passé qui n’a jamais existé). Le plan de Moscou est d’aider l’extrême droite à arriver au pouvoir en Europe occidentale, laquelle vendra la peur de la guerre à la population et donnera à Poutine tout ce qu’il veut. Or, l’ordre de sécurité mondial est en train de changer en ce moment, il n’est donc pas nécessaire de discuter de bêtises passées.
L’aide hypocrite des pays riches à l’Ukraine n’est pas suffisante. Les antifascistes, l’extrême gauche et les progressistes devraient demander plus d’armes pour l’Ukraine. Mais aussi demander l’expropriation des biens de l’État russe, des oligarques et des banques pour soutenir davantage l’Ukraine. Vous devriez l’exiger.
Moscou achète beaucoup de biens militaires d’occasion en raison des sanctions directes. Les camarades devraient exiger des sanctions économiques indirectes contre les partenaires de la Russie qui les aident à produire des drones modernes et à tuer encore plus d’Ukrainiens. Ces deux exigences (expropriation des biens et sanction du commerce illicite) sont contournées par le système capitaliste, donc la gauche est la seule puissance qui puisse les gérer.
Pour une paix durable et juste, il faut une position forte de l’Ukraine (aide militaire, sanctions économiques et expropriations). Le Kremlin n’a aucun intérêt à arrêter cette guerre, elle ne peut donc être arrêtée que par la force.
Et encore une chose, Jean Marc :
Malheureusement, la majorité de la population russe n’est pas opposée à la guerre. La raison est profondément enracinée dans le passé impérial russe qui n’a pas été suffisamment mis en cause pendant les périodes de transition néolibérale. La meilleure chose que les générations futures puissent obtenir, c’est que les générations actuelles perdent cette guerre impériale.
De plus, l’opposition russe traditionnelle en exil (par exemple Navalnaya) ne soutient pas l’augmentation des sanctions économiques, la défaite militaire du Kremlin, la restitution des territoires occupés.
C’est donc triste pour moi de le dire, mais il semble que ce ne soit pas seulement la guerre de Poutine, mais que ce soit aussi la guerre des élites industrielles et financières russes soutenues par un ressentiment populaire impérial.
Messages d’Alla [28], « Feminist Workshop » de Lviv, 28 novembre, 8h30.
Nous, féministes ukrainiennes, voulons rappeler au monde que la guerre génocidaire en Ukraine continue. Les villes ukrainiennes sont bombardées tous les jours, des civils sont tués dans leur lit. L’armée russe continue de torturer et de violer les femmes ukrainiennes dans les territoires occupés, d’enlever des enfants ukrainiens et de commettre un écocide. Des millions de femmes ukrainiennes sont devenues des déplacées internes, perdant leur maison, leur travail et la possibilité d’avoir une vie normale ; confrontées à une crise humanitaire dans les zones de front, des milliers de femmes ukrainiennes continuent de se porter volontaires et de servir dans les forces armées pour résister à l’invasion.
Les femmes ukrainiennes font face à une invasion impériale de la Russie alors que notre droit à résister à cette attaque armée brutale est toujours une question pour le mouvement progressiste occidental. Nous sommes confrontées au rejet de notre droit, en tant que peuple opprimé, à parler pour nous-mêmes, à évoquer nos expériences et au déni de notre droit à l’autodéfense et à l’autodétermination.
Nous voulons rappeler que les Ukrainiens ne sont pas des objets de discussion, nous sommes des personnes qui ont une voix, qui font face à l’oppression impériale et qui savent comment la combattre. Il est essentiel de souligner que la résistance à une attaque armée menée par un pays impérialiste implique inévitablement une résistance armée.
Notre combat est un combat non seulement pour la paix, mais aussi contre une Russie impériale xénophobe et patriarcale. Nous avons désormais un besoin urgent d’aide et de solidarité de la part de la communauté internationale. Faites entendre la voix des Ukrainiens, défendez l’aide militaire à l’Ukraine et notre droit à l’autodéfense.