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Sam Johnson ou l’histoire d’une vie de lutte



samedi 19 mars 2016,


Fulano


Culture Réflexions

Il y a des documents qui relatent des luttes et d’autres où des témoins racontent leurs vies et leurs luttes, non comme des spectateurs, mais comme des militants révolutionnaires de leur classe, la classe ouvrière… Le livre de Sam Johnson "Toute ma vie j’ai lutté" [1] est de ceux là.

À l’origine de ce document, il y a les souvenirs racontés, enregistrés et transcrits d’un homme qui a vécu en Alabama au temps de la ségrégation, qui est parti chercher du travail à Los Angeles puis à Detroit pendant les révoltes sociales des années 1960.
Depuis son enfance dans les années 1939-1959 dans l’Alabama raciste où il apprend à se battre pour se faire respecter jusqu’aux années 1990 où, après avoir été représentant syndical, se battant contre les directions des l’usine qui l’emploient ou contre des dérives de syndicats, Sam Johnson, infatigable et déterminé, continue la lutte :

J’ai vu le pouvoir dont nous disposons pendant la révolte noire... J’ai appris que ce pouvoir devait être enlevé des mains des capitalistes. Je veux voir les travailleurs se battre pour organiser leur propre pouvoir et mettre en place une économie capable de subvenir aux besoins de chacun. C’est la raison pour laquelle j’ai milité toutes ces années, et que je continue à militer aujourd’hui.

Le style du livre est simple, sans fioritures. De page en page, on à l’impression de l’écouter retracer sa vie, ses "rencontres" avec Marx, Lénine, Trotsky, Malcom X ou Robert F. Williams [2] et son implication dans le mouvement ouvrier et syndical à Detroit, alors "motor city", qui s’embrase en Juillet 1967 [3].
Et comme l’écrit Georges Ubbiali dans son compte rendu paru sur le site Dissidence (que je ne saurais trop recommander) [4] :

"Au moins autant que pour ce récit, le livre […] apporte également quelques lumières sur la question ouvrière et syndicale aux États-Unis, ce qui est loin d’être négligeable, du fait de la rareté des témoignages, militants ou non."





[1Éditions Les Bons Caractères - mai 2015. http://www.lesbonscaracteres.com

[2Robert F. Williams (1925-1996) est un dirigeant noir du mouvement des droits civiques qui fut le premier à préconiser la résistance armée, dans les années 60. Recherché par le FBI, il s’exile à Cuba. Devenu plus ou moins proche du maoïsme, il s’installe en Chine. Revenu aux États-Unis, incarcéré, il est libéré à la suite de son procès.

[3La ville symbole de l’industrie automobile connaît alors un relatif déclin. De 1947 à 1963, elle a perdu 13 4000 emplois industriels. En 1966, 20 000 habitants, surtout des Blancs de la classe moyenne, déménagent. Les quartiers populaires où s’entasse une population noire en surnombre, sont sinistrés, malgré les programmes sociaux du maire Jerome Cavanagh.
Le comportement de la police locale, connue pour son racisme et sa brutalité met le feu aux poudres. Dans la nuit du 22 juillet 1967, les policiers arrêtent un groupe de consommateurs noirs dans une boîte de nuit. Le voisinage s’attroupe et les gens révoltés par l’attitude des policiers s’attaquent aux commerces à proximité. Des dizaines de milliers de jeunes noirs envahirent les rues de la ville dans une ambiance de terreur et de révolution.
Lire sur ce site : Dans un mauvais jour, nous sommes grands, dans un bon jour, nous sommes incroyables… MC5

[4Le blog de Dissidences, émanation de la revue éponyme, se consacre à la publication de recensions et d’éclairages critiques sur les mouvements révolutionnaires, sur les gauches radicales et les dissidences artistiques et culturelles. http://dissidences.hypotheses.org/6486