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Quand les petits mouchoirs de l’éducation se révoltent…



mercredi 27 juin 2012,


Correspondant


Précarité Solidarité

La précarité s’est développée de façon galopante dans l’Éducation Nationale ces dernières années.

Depuis la disparition du statut des Maîtres d’externat et des Surveillants d’externat (MI-SE) en 2003, la situation des personnels de vie scolaire n’a fait qu’empirer avec le statut d’ AED d’une part et la multiplication des contrats de droit privé ( CAE, CUI ) affectés sur de nouvelles missions : les Assistants de vie scolaire (AVS), les emplois de vie scolaire (EVS), les Assistants pédagogiques (AP) …
Le nombre des enseignants, des administratifs, des personnels de service … non-titulaires n’a lui aussi cessé d’augmenter avec des conditions de vie et de travail insupportables pour l’ensemble de ces personnels.

UNE MÊME RÉALITÉ : LA PRÉCARITÉ…

En fait quelles que soient les appellations de ces contrats de vie scolaire, un même dominateur commun : la précarité de l’emploi et des droits toujours plus rognés que ce soit au niveau des salaires, des horaires ou de l’accès à des concours internes .
Un autre élément contribue à la précarité de ces personnels, au delà de leurs salaires, c’est leur dépendance envers les chefs établissement qui en certaines circonstances n’hésitent pas à se transformer en véritables DRH. A l’époque des MI-SE, c’étaient les rectorats qui recrutaient et affectaient les candidats. Aujourd’hui, ce sont les établissements qui recrutent directement ces personnels sur la base d’un entretien d’embauche. Les contrats étant renouvelés tous les ans, bien souvent, les AED, AP, CUI, EVS, AVS n’ont d’autre choix que de se faire discrets et dociles si ils et elles entendent être renouvelé-es pour la rentrée suivante.

FACE A L’ARBITRAIRE : RÉSISTANCE !

Depuis quelques mois néanmoins, la machine à précaire de l’Éducation nationale connait quelques ratés. C’est qu’ à force d’être déconsidéré-es, sur-exploité-es et victimes de l’arbitraire managérial de nombreux-seuses chefs d’établissement, à force d’être traité-es comme des petits mouchoirs que l’on jette sitôt l’année scolaire terminée, les précaires finissent par se rebiffer. Ici et là des Collectifs de précaires se créent. Dans le 93, au Havre, à Dijon, dans Hérault, à Lyon…
Mieux, ces Collectifs demandent des comptes comme ce fut le cas en février dernier à Tours où pas moins de 19 EVS attaquaient l’Éducation nationale aux Prud’hommes, gagnaient la transformation de leurs CDD en CDI et percevaient en guise d’indemnité 10 000 euros chacune pour licenciement abusif.
Un autre angle d’attaque juridique que saisissent désormais les personnels a trait au défaut de formation. Ces contrats précaires étant en théorie des tremplins vers une insertion professionnelle (c’est le sens d’ailleurs du sigle CUI), il est écrit noir sur blanc au moment de la signature de ces contrats que l’Éducation nationale doit à ces personnels pas moins de 200h obligatoires de formation par an. En réalité, beaucoup d’entre eux ne suivent pas de formation. Les chefs établissement mettent le plus souvent une mauvaise volonté évidente à libérer « leurs » personnels de vie scolaire prétextant des obligations de services telle ou telle semaine. Résultat nombre d’AED, AP, CUI, EVS ou AVS se retrouvent au bout de leurs contrats sans avoir effectué une seule heure de formation qualifiante. Réponse des personnels concerné-es : ils et elles attaquent aux Prud’hommes et obtiennent des indemnités, l’Éducation nationale étant en porte à faux avec les contrats signés.

CRÉATION D’UN COLLECTIF DES PRÉCAIRES DU GARD

Fort de ces expériences dans d’autres départements et constatant que bien souvent les personnels précaires n’avaient pas conscience de leurs droits, nous avons constitué depuis le mois de mars 2012 un Collectif des Précaires sur le Gard.
Notre Collectif est ouvert à tous et à toutes les précaires mais aussi acteurs-trices de l’Education nationale quels que soient leurs statuts. Les décisions et actions se prennent de façon autogérée selon les principes de la démocratie directe.
Notre Collectif a pour vocation de faire de l’information type de contrat par type de contrat sur les droits des personnels.
Notre Collectif a surtout pour rôle de créer du lien entre des précaires qui trop souvent sont oublié-es par les structures syndicales enseignantes.
Créer du lien c’est déjà permettre la mise en contact des précaires afin de nous convaincre que nous ne sommes pas seul-es dans ce cas face aux incertitudes du lendemain. Nous convaincre que les questions individuelles du type « mon contrat arrive à échéance le 30 juin qu’en sera-t-il à la rentrée prochaine ? », « mon chef d’établissement m’humilie, me pousse à bout » peuvent avoir des réponses qui sont avant tout collectives.
Créer du lien c’est aussi se soutenir car ensemble on est plus forts. A ce sujet, le Collectif entend mettre à disposition de tout précaire une aide juridique au cas où il ou elle déciderait d’entreprendre des démarches aux Prud’hommes. Nous étions ainsi le mardi 19 juin 2012 à 13h 30 devant le Conseil des Prud’hommes de Nîmes afin d’être présent-es aux côtés de notre collègue AVS, Fanny, non reconduite alors qu’elle s’occupait depuis deux ans d’enfants-handicapés .
Notre Collectif enfin a pour vocation ultime de contribuer, en lien avec d’autres Collectifs du même type dans d’autres départements, à créer les conditions d’un mouvement coordonné de ceux et celles qui tout en étant bien souvent « invisibles » aux yeux des autres personnels de l’Education et de la Direction, sont pourtant indispensables à la bonne marche de tout établissement scolaire. Un mouvement et une mobilisation à construire donc qui pourrait aboutir (comme ce fut le cas dans le passé pour d’autres mouvements de précaires) à la titularisation des personnels sur des emplois pérennes condition sine qua non pour mettre fin à ce fléau social qu’est la précarité.

Collectif 30 des précaires de l’Éducation nationale via Jérémie Berthuin




Pour info : grève dans un collège d’Uzès, le 26 juin, en soutien à Mireille AVS licenciée et membre du Collectif 30 des précaires de l’E.N.

http://www.objectifgard.com/2012/06/26/uzes-apres-huit-ans-de-contrat-au-college-lou-redonnet-elle-se-retrouve-sans-emploi/