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Oscar Acosta, Mémoires d’un bison



lundi 5 août 2013,


Lucie Heymé


Culture Réflexions


Rongé par les ulcères, abruti par dix ans de thérapie, incapable de trouver sa place dans un pays qui rejette ses enfants basanés, Oscar Acosta plante son boulot d’avocat à l’aide sociale le 1er juillet 1967. Il quitte San Francisco et file sur les routes de l’Ouest américain. C’est le récit, quasiment initiatique, de cette journée-clé et de l’errance qui s’ensuit, que retrace Acosta dans ce premier roman. Il évoque son enfance dans un bled de Californie, l’absence du père parti pour combattre les Japonais en 1941, la violence quotidienne que subissent les siens, rejetés par les Blancs comme par les « vrais » Mexicains immigrés. Mais aussi son obésité qui le répugne, la découverte du sexe, de l’alcool et des drogues… Toutes ces blessures et ces obsessions qui nourriront son œuvre, littéraire comme politique : la discrimination raciale et la recherche de l’identité, individuelle et collective.

Marqué par le gonzo journalisme de son ami Hunter S. Thompson et la contre-culture ambiante, Oscar Acosta signe un roman foisonnant, brut, traversé par un humour décapant. A travers son autoportrait tour à tour grotesque, lâche, agaçant, amusant ou attachant, le Bison californien esquisse un tableau plein d’ironie du pays qu’il aime et déteste à la fois.

« Oscar n’était pas vraiment passionné par les combats de rue, mais pour ce qui était des rixes dans les bars, c’était un furieux. L’association d’un Mexicain de cent dix kilos et de plusieurs doses de LSD constitue une menace mortelle pour ceux qui s’en approchent – mais quand le Mexicain en question se révèle être en fait un avocat chicano enragé, que rien ni personne n’effraye et qui a de facto la conviction qu’il va mourir à trente-trois ans (comme le Christ), alors là, vous avez affaire à un sacré cocktail. D’autant plus si l’enfoiré a déjà trente-trois ans et demi, qu’il a la tête bourrée d’acides Sandoz, qu’il porte un .357 Magnum à la ceinture, qu’il est suivi dans ses moindres déplacements par un garde du corps chicano armé d’une hachette, et qu’il a l’étonnante habitude de dégueuler des geysers de sang rouge sur votre perron toutes les trente à quarante minutes, ou à chaque fois que son ulcère malin ne supporte plus l’afflux de tequila pure.  »

HUNTER S. THOMPSON – extrait de la préface




aux éditions tusitala