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“Latinoamérica”, un hymne à l’Amérique latine



mardi 17 juillet 2012,


Correspondant


Amériques Musiques

“Latinoamérica” : une œuvre magnifique, chantée et composée par le groupe Calle 13 [1] de Puerto Rico. C’’est un véritable hommage aux cultures et aux peuples d’Amérique Latine, il est en passe de devenir un hymne à l’échelle continentale.

En voici la traduction :

AMÉRIQUE LATINE

Je suis,
Je suis ce qu’ils en ont laissé,
Je suis les restes de ce qu’ils ont volé [2].
Un peuple caché dans les sommets,
Ma peau est tannée, c’est pour cela qu’elle résiste à n’importe quel climat.
Je suis une usine à fumée,
Main-d’œuvre paysanne pour ta consommation
Front froid au milieu de l’été,
L’amour au temps du choléra [3], mon frère.
Le soleil qui nait et le jour qui meurt,
Avec les meilleurs couchers de soleil.
Je suis le développement incarné,
Un discours politique sans salive.
Les visages les plus beaux que j’ai connus,
Je suis la photo d’un disparu [4].
Je suis le sang dans tes veines,
Je suis un bout de terre qui vaut la peine.
Je suis un panier de haricots,
Je suis Maradona contre l’Angleterre te marquant deux buts [5]
Je suis la hampe de mon drapeau
Ma cordillère est l’épine dorsale de la planète.
Je suis ce que mon père m’a appris,
Celui qui n’aime pas sa patrie, n’aime pas sa mère.

Je suis l’Amérique Latine,
Un peuple sans jambes mais un peuple qui avance.

Refrain
Tu ne peux pas acheter le vent.
Tu ne peux pas acheter le soleil.
Tu ne peux pas acheter la pluie.
Tu ne peux pas acheter la chaleur.
Tu ne peux pas acheter les nuages.
Tu ne peux pas acheter les couleurs.
Tu ne peux pas acheter ma joie.
Tu ne peux pas acheter mes peines.

J’ai les lacs,
J’ai les rivières.
J’ai mes dents quand je souris.
La neige qui maquille mes montagnes.
J’ai le soleil qui me sèche et la pluie qui me mouille.
Un désert ivre de peyotes [6] pour un verre de pulque [7].
Pour chanter avec les coyotes [8],
(C’est) tout ce qu’il me faut !
J’ai mes poumons qui respirent du bleu ciel.
L’altitude qui les suffoque.
Je suis les molaires de ma bouche mastiquant la coca [9].
L’automne avec ses feuilles pâles,
Les vers écrits sous la nuit étoilée,
Une vigne pleine de raisins,
Un champ de canne à sucre [10] sous le soleil de Cuba.
Je suis la mer des Caraïbes qui veille les cabanons,
En faisant des rituels d’eau bénite.
Le vent qui peigne mes cheveux.
Je suis tous les saints qui pendent à mon cou [11].
L’essence de ma lutte n’est pas artificielle,
Parce-que le fruit de ma terre est naturel

Refrain x1
+ bis en portugais
Você não pode comprar o vento
Você não pode comprar o sol
Você não pode comprar a chuva
Você não pode comprar o calor
Você não pode comprar as nuvens
Você não pode comprar as cores
Você não pode comprar minha felicidade
Você não pode comprar minha tristeza

Tu ne peux pas acheter le soleil.
Tu ne peux pas acheter la pluie.
Nous traçons notre route,
Nous avançons.
Tu ne peux pas acheter ma vie.
Ma terre n’est pas à vendre !
Je travaille dur mais avec dignité,
Ici on partage, ce qui est à moi est à toi.
Ce peuple ne se noie pas dans la houle [12],
Et s’il s’effondre je le reconstruis.
Je ne sourcille pas non plus quand je te regarde,
Pour que tu te rappelles de mon nom.
L’opération Condor [13] envahissant mon nid,
Je pardonne mais jamais je n’oublie.

[chœur] Nous avançons, [/chœur]
Ici ça respire la lutte
[chœur] Nous avançons, [/chœur]
Je chante parce que ça s’entend
Ici nous sommes debout

Que vive l’Amérique Latine
Tu ne peux pas acheter ma vie !


Calle13. Lire aussi :Anarchosyndicalisme, musiques et plaisir d’être ensemble…



[1Calle 13 est un duo de rap urbain et de hip-hop de Puerto Rico composé de deux demi-frères René Pérez alias Residente et Eduardo Cabra alias Visitante.. Le nom Calle 13 provient du nom de la rue de Trujillo Alto où ils ont grandi

[2Référence au pillage de la colonisation par les Espagnols et Portugais

[3Célèbre roman du prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez (colombien)

[4Disparitions « étranges » de résistants aux régimes dictatoriaux des années 1960 – 1980 : période surnommée la « guerre sale »

[5Quart de finale du mondial de foot 1986 : traversée du désert et « main de Dieu »

[6Petit cactus millénaire sans épines, aux propriétés hallucinogènes utilisées dans de nombreux rituels amérindiens

[7Boisson alcoolisée mexicaine à base de maguey

[8Passeurs illégaux de la frontière mexico-étatsunienne rackettant les candidats à l’immigration illégale

[9Véritable fondement culturel des communautés amérindiennes

[10Difficile à traduire : peut-être roselières (champs de roseaux)

[11Colliers que les croyants portent avec une image de leurs saints protecteurs

[12Difficile à traduire : du portugais marulho, littéralement « grandes vagues ». Hésitation avec « l’écume »

[13Campagne d’assassinats et de tortures organisée par les régimes dictatoriaux des années 70, visant à éliminer les leaders des mouvements subversifs